Alice au pays des merveilles de Tim Burton
« Lorsque l’on attend rien, on n’est jamais déçu ». Autant ce film ravira les amateurs de films fantastiques à la Avatar ou à la Narnia, autant il décevra les lecteurs de l’œuvre de Lewis Carroll et les fans de Tim Burton. L’adaptation de Walt Disney a, il y a déjà 60 ans de cela, bien mieux retranscrit l’univers d’Alice et ce sans la 3D ! On attendait un scénario déjanté de la première réplique à la dernière, un éloge à la folie ! On est déçu de voir que les personnages comme le Chapelier aient autant de moments de lucidité. Seul le Lièvre de Mars est fin fou du début à la fin. Quoiqu’un peu rageur... Peu de scènes nous ont transposées au pays des merveilles, seules les retrouvailles avec le Chat du Cheshire, la partie de thé - dont on aurait voulu profiter d’avantage, et la partie de croquet de l’hystérique reine de cœur sont dignes de l’univers de Lewis Carroll! On regrette même que Tim Burton n’ai pas plutôt fait une réadaptation de l’histoire originale lorsqu’on regarde le petit « flash back » d’Alice : 15 secondes montre son premier voyage au pays des merveilles ce qui nous met l’eau à la bouche quand on pense à ce qu’il aurait pu faire ! La musique rebondissante du dessin animé nous manque également : on se retrouve avec des sons mélodramatiques, pompés sur le générique de Charlie et la chocolaterie et commerciaux au possible. Et enfin pour ceux qui l’auraient noté, on perçoit une vague ambiguïté dans la relation Alice-Chapelier… perturbant !
Mais voilà : Tim se serait trahi lui-même s’il ne nous surprenait pas comme à chaque fois ! Vous vouliez un film à la Burton ? Le voilà ! Enfin un réalisateur qui se fiche pas mal de choquer ou non les générations. Mettre Alice dans une armure de fer et lui demander de tuer un dragon… l’idée en a du surement choquer plus d’un. Donner lui la recette de la tarte à la crème il vous fera une forêt noir ! Mais c’est pourtant ça que l’on aime chez lui ! Cela ne nous a pas mis hors de nous lorsqu’il nous a mis un épouvantail au pôle nord. Bon alors ? Comprenons donc que pour Burton, Alice, Sweeney, Charlie et autres sont ses bébés… on lui serait infidèle si on critiquait son film selon les attentes de vieux littéraires dessinaniméophiles ! Dès lors il convient de décortiquer Alice au pays des merveilles en oubliant ce pauvre Lewis.
Mais ce n’est pas pour autant que nous allons couvrir d’éloge la pauvre enfant. En effet ce film déçoit même si on s’en tient à la filmographie de Tim Burton. En voulant nous cuisiner un conte de fée, il a oublié d’édulcorer sa sauce. Le pays des merveilles est un peu lisse, vide, on voudrait être projeté dans un univers irréel mais on reste accroché sur terre malgré la 3D qui ne fait malheureusement ressortir que la couleur. On aurait voulu plus d’objets volants projetés vers nous… mais non ! Seul le magnifique château de la reine de cœur, dont les détails sont minutieusement soignés, mérite nos applaudissements. Et pourtant… à chaque scène on attend désespérément la suivante et l’on en veut d’avantage. Il est difficile de réaliser que Tim Burton ne nous a pas laissé de « touche perso » comme il a l’habitude de faire, certains détails nous rappellerons cependant son côté adorablement noir comme les douves remplies de têtes coupées par la reine de cœur. Soulignons malgré tout les graphismes qui nous offrent des personnages aussi magnifiques les uns que les autres. Maquillage et costumes sont également réalisés à la perfection ! Coup de chapeau par ailleurs pour Johnny Depp qui rentre comme un gant, encore une fois, dans la peau d’un fou des plus attachants ! On ne peut également que féliciter Helena Bonham Carter qui nous offre un numéro d’hystérie accompli avec brio et bien sûr Mia Wasikowska, qui interprète avec beaucoup de profondeur une Alice digne de Lewis Carroll : une femme-enfant sûre d’elle qui pourtant doute, et se cherche encore une place dans ce monde.
Malheureusement on s’attendait à une « Tea party » des plus frugale, mais Tim nous laisse sur notre faim pour faire des risettes à Disney qui lui a commencé à nous décevoir lorsqu’il a épuisé la bibliothèque des grands classiques ! Espérons que sa prochaine adaptation de Disney qui dit-on se basera sur l’histoire de La Belle au bois dormants, sera davantage conforme à son univers démentiel où il a su nous emmener tant de fois.